Université de Sherbrooke CATIFQ Université Téluq

Colloque sur les anglicismes- Université de Sherbrooke, 24 mai - 25 mai 2018

Anglicismes

A-t-on encore peur des anglicismes?

Colloque sur la perception actuelle des anglicismes au Québec et dans l’espace francophone

Dès le milieu du 19e siècle, l’anglicisme a été identifié par les lettrés québécois comme la principale menace à la survie du fait français en Amérique du Nord. Ceux-ci ont dès lors publié des recueils de correction, des chroniques linguistiques, et les organismes privés, remplacés en 1961 par l’Office de la langue française, ont proposé sans relâche des francisations possibles pour des emprunts toujours nouveaux. En raison de sa situation historique et géopolitique particulière, le Québec a d’ailleurs longtemps été perçu, pour le meilleur ou pour le pire, comme le champion de la résistance à l’anglais dans la francophonie.

En 1999, la linguiste Chantal Bouchard écrivait : « il se peut que les transformations sociales récentes finissent par atténuer quelque peu l’hypersensibilité à l’anglicisme lexical qui caractérise encore aujourd’hui les Québécois » . Près de 20 ans après cette supposition, qu’en est-il exactement, pour tous les types d’anglicismes? L’omniprésence d’Internet et des médias sociaux, la naissance des dictionnaires collaboratifs plus descriptifs que normatifs, la valorisation toujours importante de l’anglais et la libéralisation des discours (artistiques, journalistiques, publicitaires et autres) ont-ils changé l’acceptation des anglicismes? Le discours envers ceux-ci s’est-il adouci ou sont-ils encore généralement synonymes de « fautes » au Québec?

En janvier 2017, l’Office québécois de la langue française assouplissait sa politique relative aux emprunts pour se conformer davantage à leur légitimation dans l’espace public. Cette position plus accueillante par rapport aux anglicismes est-elle mesurable dans les journaux, dans les chroniques de langage, dans les blogues portant sur la langue? Les ouvrages de référence vont-ils dans le même sens? L’école doit-elle se réajuster en conséquence? Et qu’en est-il des professionnels et professionnelles de la langue (rédaction, révision, traduction)? Les francophones de l’extérieur du Québec partagent-ils les mêmes questionnements, que ce soit en Acadie ou ailleurs dans la francophonie?

La question de l’anglicisme est omniprésente au Québec, et bien que peu de colloques y aient été entièrement consacrés, le sujet revient périodiquement dans les intérêts des chercheurs, autant étudiants que professionnels, sans qu’un portrait clair de la question ne semble émerger. La perception des anglicismes par les différents acteurs sociaux est en effet en constante mutation. L’objectif de ce colloque n’est pas de prendre position, mais d’évaluer le rôle de chacun de ces acteurs et leur rapport, ainsi que de celui des locuteurs, au phénomène de l’emprunt à l’anglais en 2018.

La liste suivante, non exhaustive, présente quelques axes possibles pour les communications :

-        Lexicologie/Lexicographie : fait-on la distinction entre emprunt à l’anglais et anglicisme? Attribue-t-on à tort le statut d’anglicisme à des mots qui n’en sont pas? le traitement des anglicismes par les dictionnaires ou autres outils a-t-il changé? Y a-t-il une différence notable avec les projets lexicographiques en ligne ou collaboratifs?;
-        Aménagement de la langue : les interventions institutionnelles se sont-elles réellement assouplies? La volonté d’ouverture qu’on sent dans la politique de l'emprunt linguistique de l'OQLF se traduit-elle dans ses propositions? Les équivalents proposés par l’OQLF sont-ils repris par les locuteurs?;
-        Sociolinguistique/analyse de discours : Quelle est la perception actuelle des locuteurs sur les anglicismes ? Sur les équivalents proposés? Sur les discours consacrés aux anglicismes? Les traducteurs, réviseurs et autres professionnels de la langue se questionnent-il toujours autant sur les anglicismes? La situation est-elle la même dans toutes les aires de la francophonie?

1. Bouchard, Chantal. (1999) On n’emprunte qu’aux riches. La valeur sociolinguistique et symbolique des emprunts,  Montréal, Fidès.

 

 

Pour nous écrire

mireille.elchacar@usherbrooke.ca ou nadine.vincent@usherbrooke.ca